Robert François Damiens (1715-1757) est l’auteur d’un attentat contre Louis XV le 15 janvier 1757 à Versailles. Il a porté un coup de canif dans le dos du Roi alors que celui-ci regagnait son carrosse. Il est immédiatement arrêté par les gardes. Dans la nuit du 17 au 18 janvier, Damiens est transféré de Versailles à la Conciergerie à Paris, là où Ravaillac avait été enfermé. Aucune torture ne lui est épargnée mais les médecins s’assurent tout de même qu’il puisse marcher chaque jour.

Poursuivi pour régicide, le procès s’ouvre à la Grand’chambre le 12 février. Après dix audiences, Damiens est enfin entendu par les magistrats. Il est condamné à mort et écartelé en place de Grève à Paris le 28 mars 1757.

Devant une foule immense, seize bourreaux venus de toute la France attachent quatre chevaux rétifs conduits par des cavaliers enivrés, probablement pour les besoins de la cause. Damiens meurt après deux heures et quart de supplices. Il est la dernière personne, en France, à subir l’écartèlement, supplice réservé au régicide sous l’Ancien Régime.

 

François Ravaillac et Robert François Damiens dans leur prison.

Eau forte aquarellée. A gauche, François Ravaillac ; à droite, François Damiens. Acquisition 2018.

 

Supplice de Robert François Damiens.

Eau forte aquarellée. Anonyme. 1757. Acquisition 2018.

 

Arrêt principal, prononcé contre Damien- Parlement de Paris, Grand’Chambre assemblée, le 26 mars 1757

« Vu par la Cour, la Grand’Chambre assemblée, le Procès criminel contre Robert-François Damien…

Tout considéré.

La Cour, suffisamment garnie des Princes et Pairs, faisant droit sur l’accusation intentée contre ledit Damien, dûment atteint et convaincu du crime de Lèse-Majesté Divine et Humaine au premier chef, pour le très méchant, très abominable et très détestable parricide commis sur la personne du Roi ; et pour réparation ;

Condamne ledit Damien à faire amende honorable devant la principale porte de l’Église de Paris, où il sera mené et conduit dans un tombereau, nu en chemise, tenant une torche de cire ardente du poids de deux livres ; et là, à genoux, dire et déclarer que méchamment et proditoirement, il a commis le très méchant, très abominable et très détestable parricide, et blessé le Roi d’un coup de couteau dans le côté droit, ce dont il se repend et demande pardon à Dieu, au Roi et à la Justice ;

Ce fait, mené et conduit dans ledit tombereau à la Place de Grève ; et sur un échafaud qui y sera dressé, tenaillé aux mamelles, bras, cuisses et gras de jambes, sa main droite, tenant en icelle le couteau dont il a commis ledit parricide, brûlée de feu de souffre ; et, sur les endroits où il sera tenaillé, jeté du plomb fondu, de l’huile bouillante, de la poix-résine fondue, de la cire et du soufre fondus ensemble ;

Et ensuite son corps tiré et démembré à quatre chevaux, et ses membres et corps consumés au feu, réduits en cendre, et ses cendres jetées au vent ;

Déclare tous ses biens, meubles et immeubles, acquis et confisqués au Roi ;

Ordonne qu’avant ladite exécution, ledit Damien sera appliqué à la question ordinaire et extraordinaire pour avoir révélation de ses complices ;

Ordonne que la maison où il est né sera démolie, celui à qui elle appartient préalablement indemnisé, sans que sur le fonds de la dite maison puisse à l’avenir être fait aucun autre bâtiment ».

 

Auteur : Cindy Geraci, Directrice du Musé, mars 2021.