VIDÉO. Le musée du Barreau de Paris expose les « scellés » de grands procès qui ont défrayé la chronique depuis le XIXe siècle. Saisissant.

Par Pauline Tissot et

 

Pranzini, Gouffé, Landru, Petiot… mais aussi Dominici ou Patrick Henry, le nom de ces affaires judiciaires, parfois vieilles de plus d’un siècle, résonne encore aujourd’hui en raison du retentissement qui fut donné au procès de chacun de ces dossiers pénaux. Le musée du Barreau de Paris (1) propose de les redécouvrir sous un angle inédit : celui des « pièces à conviction » qui convainquirent les jurés de la culpabilité des prévenus, appelés à comparaître devant la cour d’assises.

Qu’il s’agisse de la cordelette avec laquelle Michel Eyraud et Gabrielle Bompard ligotèrent l’huissier de justice (Toussaint-Augustin Gouffé) qu’ils assassinèrent le 26 juillet 1889 ; de la réplique de la cuisinière d’Henri-Désiré Landru (où le tueur en série fit brûler le corps de ses onze victimes entre 1914 et 1919) ; ou encore des photos de la carabine, retrouvée dans la Durance, et utilisée dans le meurtre de trois Anglais, en 1952, imputé à Gaston Dominici… Ces objets donnent à voir la réalité, souvent sordide, des crimes les plus célèbres de l’histoire de France.

Dans les coulisses des procès

Plus que des « fétiches », ces pièces à conviction illustrent la manière dont est « rendue » la justice dans notre pays. Ces preuves matérielles comme les transcriptions d’interrogatoires présentés constituent, en effet, les matériaux bruts qui furent examinés par les magistrats pour établir une vérité judiciaire. Hier placés sous scellés le temps de l’enquête, aujourd’hui exposés sous vitrine, ces objets tirés des archives du barreau de Paris, de celles du ministère de la Justice et de la préfecture de police de Paris ainsi que du fonds de la bibliothèque des littératures policières racontent, chacun à leur manière, petits et grands drames du XIXe et du XXe siècle.

« Ils incarnent ces affaires et rendent palpables des histoires dont on ne connaît parfois pas bien le déroulé concret », confie Cindy Geraci, directrice du musée du Barreau de Paris, qui a conçu cette exposition à partir des éléments glanés au cours des travaux d’investigation qu’elle a menés conjointement avec le journaliste Jérôme Pierrat et son frère, avocat (par ailleurs conservateur de la collection du barreau), Emmanuel Pierrat, pour la parution d’un ouvrage (2) restituant de cette manière 35 affaires judiciaires qui ont défrayé la chronique.

(1) « Pièces à conviction ». Exposition jusqu’au 31 mars 2018. Adresse : 25, rue du Jour, 75001 Paris. Ouverture au public les samedis et dimanches, seulement, de 14 heures à 17 heures. Tarifs : 12 euros (adultes) ; 6 euros (réduit). Gratuit pour les avocats parisiens (avec possibilité d’un accompagnant) et pour les élèves de l’École du barreau. Téléphone: 01 44 32 47 48.

(2) Pièces à conviction, 35 affaires judiciaires qui ont défrayé la chronique, de Jérôme et Emmanuel Pierrat, éditions de la Martinière, 240 pages, 29 euros.