GRUN Germaine (1899-1943), avocate, déportée, matricule inconnu à Auschwitz.

Germaine Lévy est née le 2 juillet 1899 à Auxerre dans l’Yonne ; son père Léon Lévy (1863-1910) et sa mère Berthe Lucie étaient tous deux professeurs de lettres ; son père avait participé à la création des premières amicales des professeurs de l’enseignement secondaire, tandis que sa mère était issue de l’une des premières promotions de l’Ecole normale supérieure de Sèvres ; elle sera nommée en 1912 professeur de lettres au lycée Victor Hugo à Paris ; son grand-père Gabriel Levy, né à Ribeauvillé dans le Haut-Rhin, fut commerçant et grand rabbin de France de 1907 à 1909.

Germaine a grandi à Paris, élevée par sa mère et sa tante, avec sa sœur Renée- Léa et son frère André.

Après une licence de droit obtenue à Paris le 24 juin 1922, elle se marie en 1923 avec Paul Grün, vérificateur des contributions directes, avec qui elle s’installe rue du Parc Royal. De ce mariage naîtront deux enfants dont une petite fille au début de l’année 1924.

Elle s’inscrit au Barreau et est admise au tableau le 30 octobre 1924. Son mari attestera de son accord pour que sa femme exerce le métier d’avocat

Autorisation du mari de Germaine Grün pour que celle-ci puisse exercer le métier d’avocat. 1924.

Entre 1924 et 1939, Germaine Grün mène en parallèle une carrière d’avocate, en assistance judiciaire et en droit du commerce – elle était l’avocate conseil des magasins de gros des Coopératives de France- et de militante féministe : elle anime des conférences et participe à de nombreuses réunions, aux côtés de ses consœurs Marcelle Kraemer-Bach et Nelly Bloch. En 1932, elle présente à Auxerre une conférence sur « les conquêtes du féminisme et le droit de la femme au travail devant la crise actuelle », convaincant son auditoire et recueillant de nombreuses adhésions pour l’Union Française pour le Suffrage des Femmes dont elle fait partie. Elle deviendra d’ailleurs en 1936, présidente de la section du IVe arrondissement de Paris (La Française, 8 février 1936).

En 1939, elle quitte Paris pour Cayeux sur Mer dans la Somme, auprès de sa mère souffrante et de ses deux enfants. Ne pouvant rentrer à Paris elle sollicite le Bâtonnier à l’autoriser à créer provisoirement, pendant la durée de la guerre, un cabinet d’avocat à Cayeux, sans toutefois quitter celui le barreau de Paris : « je sais que je pourrais être utile notamment auprès des femmes de mobilisés. Je ne voudrais pas que mes confrères du barreau d’Abbeville dont je dépendrai puissent prendre ombrage de ma venue ». Le Bâtonnier lui répond qu’elle peut être mise en congés pendant la durée de la guerre mais qu’elle ne pourrait exercer aucune activité professionnelle ; le seul moyen est donc de démissionner du Barreau de Paris pour s’inscrire dans celui d’Abbeville, démarche qu’elle ne fera pas.

En 1940, le Barreau de Paris applique la loi du 10 septembre règlementant l’accès au Barreau : seules les personnes justifiant d’une nationalité française, à tire originaire, comme étant d’un père français peuvent rester au Barreau. Elle répond donc au questionnaire envoyé à tous les avocats à cet effet : ils doivent justifier leur serment, leur nationalité française et de celle de leurs parents, actes d’état civil à l’appui. Germaine atteste de la nationalité française de son père et de son grand-père, sans toutefois pouvoir fournir les justificatifs.

 

En vertu de l’arrêt de la Cour d’Appel de Paris du 12 février 1942 excluant les avocats juifs du Barreau, Germaine cesse de figurer au tableau.

Elle est arrêtée à Paris et internée au camp de Drancy avec sa mère. Elles sont déportées, avec 1000 autres personnes par le convoi n°48 en date du 13 février 1943 à Auschwitz.

Germaine Grün est décédée à Auschwitz-Birkenau en février 1943.

Sa mère fera partie des 12 rescapés de ce convoi.

Sa sœur Renée Lévy, professeur de lettres, fut en 1940, interdite d’exercer dans la fonction publique et rejoignit le noyau résistant du Musée de l’Homme. Arrêtée par les Allemands en 1941, elle fut condamnée à mort en 1943 et décapitée près de Cologne. Son nom a été tiré au sort le 29 octobre 1945 pour être inhumée au Mont-Valérien, au Mémorial de la France combattante, avec celui de Berty Albrecht, résistante, torturée, qui se suicide en 1943 à la prison de Fresnes. Elles sont les deux femmes inhumées dans la crypte.

Le nom de Germaine Grün figure sur le Mur des Noms, sur le parvis du Mémorial de la Shoah : dalle n°19, colonne n°7, rangée n°1.

 

Auteur : Cindy Geraci, Directrice du Musée, novembre 2020.

Sources

Dossier Ordre des Avocats de Paris.

 

Biographie :

Acte de naissance, Archives départementales de l’Yonne, 2 E24/172.

Généalogie, Généanet

Mariage avec Paul Grün, 1923, Archives de Paris, 4M274

 

Mémorial de la Shoah :

Notice sur Germaine Grün

Mur des Noms

 

Mémorial Yad Vashem :

Convoi n°48

 

Gallica :

Le grand écho du Nord de la France, 14 avril 1932

L’Oeuvre 2 mai 1935, Réunion pour l’Union pour le suffrage pour les femmes avec Nelly et Gaston Bloch.

 

Bibliothèque Marguerite Durand-Paris :

La Française 8 février 1936 : Congrès de l’UFSF. Elle est présidente de la section du IVe arrondissement.

La Française 18-25 juin 1938, Congrès de l’Union française pour le suffrage des femmes. Germaine Grün présente un rapport sur les établissements d’enfants.

 

Sa sœur Renée Lévy :

Biographie

Site du Maitron