Le hall de la Maison des avocats abrite 4 vitrines d’exposition que le Musée a enrichi de plusieurs estampes, manuscrits et photographies sur la thématique de la peine de mort. Cette mini-exposition est visible pour les avocats et autres visiteurs jusqu’à fin décembre 2021.

Vitrine 1 : 19e siècle.

 

Sont présentés dans cette vitrine :

Au centre : Le bourreau guillotinant un homme. Carte postale datée de 1910. Acquisition 2007.

En bas, à gauche : « Le condamné à mort »,carte postale, vers 1948. Illustration de Pierre Ryreyre. Acquisition 2014.

En bas, à gauche : La guillotine. Carte postale, avant 1950. Don de Mme Catherine Raoux-Aron, 2012.

En haut, à gauche : « La peine de mort dans ses dernières interprétations », dessin à l’encre et au crayon de Rivalta, vers 1910. Acquisition 2016. Ce dessin fait référence à l’affaire Jules Durand, syndicaliste, accusé à tort d’être « responsable moral » de l’assassinat d’un chef d’équipe non gréviste, tué en réalité lors d’une rixe entre ivrognes. D’abord condamné à mort, peine commuée en 7 ans d’emprisonnement, il est gracié et libéré en 1911 avant d’être innocenté en 1918.

A droite : Le Petit Journal / Supplément Illustré, n°945, dimanche 27 décembre 1908. En 1908, le Garde des Sceaux Aristide Briand, abolitionniste convaincu, soumet aux députés un projet de loi visant à abolir la peine de mort, projet repoussé le 8 décembre par 330 voix contre 201. Il s’agit du dernier débat parlementaire français sur le sujet jusqu’en 1981. Légende au verso : « La décision prise par la Chambre de maintenir la peine capitale dans nos codes est de nature à faire réfléchir les malfaiteurs. La pensée du châtiment final peut arrêter le bras de l’assassin ».

En haut, à droite : carte postale de 1907 sur l’« affaire Soleilland »qui relance le débat sur la peine de mort dans la presse et l’opinion publique. Accusé d’avoir violé et assassiné la petite fille de ses voisins, Soleilland est condamné à mort le 24 juillet. Le 13 septembre, il est gracié par le président de la République Armand Fallières. La presse parisienne suit l’affaire avec passion, d’autant que le projet abolitionniste n’a pas encore été voté. Le journal Le Petit Parisien, farouchement antiabolitionniste, organise à l’automne un « référendum » sur la peine de mort, accompagné d’un « concours ». Il en publie les résultats le 5 novembre 1907 : sur 1 412 347 réponses recueillies, 1 083 655 se prononcent en faveur du maintien de la peine capitale, 328 692 pour son abolition.

Et chat faux. Petit plat en verre avec une gravure noir et blanc. Dessin de Siné, 20ème siècle.

En haut, au centre : Couic ! … Cette planche est extraite d’un numéro de l’Assiette au Beurre consacré à l’éducation des enfants ; elle est la dernière page du périodique. L’Assiette au Beurre, n°144 du 2 janvier 1902.

 

Vitrine 2 :

La Justice royale. Gravure didactique aquarellée représentant la justice royale concernant l’impôt de la maltôte (levé sous Philippe le Bel à titre extraordinaire et considéré par le peuple comme injuste). Acquisition 2018.

 

A droite : « Le dernier jour d’un condamné ». Cette lithographie au pinceau original de Louis Boulanger (1806-1867) est une illustration de l’œuvre de Victor Hugo, « Le dernier jour d’un condamné », réquisitoire contre la peine de mort, ouvrage dans lequel Hugo détaille les états d’âme d’un condamné au fil des 49 chapitres. Acquisition 2018. A gauche : « Aimez-vous les uns les autres ! ». Lithographie originale de Maurice Dumont, 1894.

 

Vitrine 3 : Révolution Française

 

 

Sont présentés dans cette vitrine :

Au centre : Lettre autographe signée 9 février 1810 de l’avocat-accusateur public Chignot, adressée au Président, relative au projet de Code Pénal qui conserve pour la peine de mort l’ancien mode d’exécution. Acquisition 2021. En 1795, La Convention décide pour la première fois la suppression de la peine de mort mais seulement « à dater du jour de la publication de la paix générale« . Cette suppression temporaire est prorogée en 1801 mais sera abandonnée par le Code Napoléonien de 1810 : « la mort » figure en première place parmi les peines afflictives et infamantes. 

En haut, à gauche : Exécution de Marie-Antoinette (16 octobre 1793), Place de La Révolution (Concorde). Carte postale, 20e siècle. Acquisition 2016.

En haut, à gauche : Condamnation à mort signée Fouquier-Tinville, 1794, concernant « Marie Anne Malicornet, âgé de trente six ans, née à Charnay dept de l’Ain, demt à la Châtre, dpt de l’Indre, cidevant domestique du curé de la garde dept de l’Ain ». Acquisition 2016.

En haut, à droite : « Neuf Emigrés a la Guillotine », gravure anonyme, vers 1793. « Neuf émigrés ayant été pris les armes à la main, furent amenés à Paris, jugés par un Conseil de guerre, et exécutés sur la place de gréve, / le plus âgé n’avoit pas 30 ans. » Acquisition 2006.

En bas, à droite : Félix Voisin, Analyse de l’entendement humain. Quelles sont ses facultés ? Quel en est le nom, quel en est le nombre, quel en doit être l’emploi ? […] suivi d’un Mémoire sur l’abolition de la peine de mort adressé aux représentants du Peuple en 1848, Baillière et fils (J. B.), Paris, 1858.  Félix Voisin (1794-1872) est un psychiatre français, qui a fait toute sa carrière à la maison de santé de Vanves – qu’il avait fondé avec Jean-Pierre Falret – puis à Bicêtre ou il dirigeait un service d’idiots et d’épileptiques. Il est un des premiers aliénistes à se préoccuper des moyens propres à développer les facultés restreintes dont disposent ceux qu’on désigne globalement à l’époque sous le nom d’idiots, afin d’essayer d’améliorer leurs conditions physiques et morales. Pour ces mêmes raisons, Jules Voisin, proche toute sa vie des idées de Gall – s’est attaché à, comprendre le sort des criminels dans une perspective sociale et phrénologique. C’est en liant le crime et la folie, qu’il était amené tout naturellement dans ce mémoire lu à l’Académie Royale de Médecine en 1848 à demander l’abolition de la peine de mort.

En bas, à gauche : Cesare Beccaria, Traité des délits et des peines, traduit de l’Italien d’après la sixième édition, revue, corrigée & augmentée de plusieurs chapitres par l’auteur ; auquel on a joint plusieurs pièces très-intéressantes pour l’intelligence du texte. Par M. C. D. L. B., Paris, J. Fr. Bastien, 1773. Cesare Beccaria (1738-1794) fonde avec cet ouvrage, paru en 1764-1766, le droit pénal moderne et se distingue notamment en développant la première argumentation contre la peine de mort. Dans ce traité, il remet en cause de manière globale le système judiciaire, établit, en dehors de tout modèle religieux les bases et les limites du droit de punir, et recommande de proportionner la peine au délit. Il dénonce également la cruauté de certaines peines comparées au crime commis et juge « barbare » la pratique de la torture et la peine de mort, et recommande de prévenir le crime plutôt que de le réprimer.

 

Vitrine 4 : 20ème siècle

Sont présentés dans cette vitrine :

En haut à gauche : Dernière exécution publique en France ; Eugène Weidmann guillotiné le 16 juin 1939 devant la prison St Pierre à Versailles. Le 16 juin 1939, il est 4 heures du matin devant la prison St Pierre de Versailles, Weidmann va être exécuté, le couperet de la guillotine va s’abattre ». Photo AFP. Acquisition 2014. Le 24 juin 1939, un décret-loi supprime les exécutions publiques. Les exécutions auront dorénavant lieu dans l’enceinte des prisons.

A gauche : Patrick Henry : La Mort ?  « Détective spécial » n°1589 du 20 janvier 1977

Au centre, de haut en bas :

Après la reconstitution, Patrick Henry sort du lieu du drame, « la brasserie des Charmilles ». 13 août 1976. Cliché Agip-Robert Cohen. Acquisition 2017.

Le détenu Patrick Henry est amené dans la salle d’audience des Assises de l’Aube. 18 janvier 1977. Cliché AFP-Telephoto. Acquisition 2017.

Patrick Henry et de son avocat Robert Badinter lors du procès à Troyes. Reproduction d’une photo du 20 janvier 1977. Acquisition 2017.

A droite, de haut en bas :

Lettre de Georges Simenon à René Vigo. 1978.  Lettre signée et carte autographe signée, adressées à René Vigo :
— 25 août 1978. « Il y a déjà un bout de temps que je vous aurais écrit cette lettre si une stupide bronchite (mais toutes les maladies ne sont-elles pas stupides ?) ne m’avait retardé. J’ai lu avec beaucoup d’attention votre très beau livre. Avant même d’arriver au passage où vous en parlez, j’avais déjà senti en Buffet un personnage à la Dostoïevsky. Et plus tard sa religiosité toute neuve et maladroite a accentué cette ressemblance avec les personnages de tant de romans russes. J’admire le sang-froid et le calme avec lequel vous avez disséqué la vie de ces deux hommes. J’en aurais été personnellement incapable. J’ai horreur, en effet, de ce qu’on appelle la justice. J’ai horreur de cette mascarade que sont les tribunaux et encore plus de la mise des hommes en batterie dans les prisons actuelles. Vos deux personnages sont aussi émouvants l’un que l’autre. Quant à la machine judiciaire et administrative, elle paraîtra aussi ridicule dans cent ans que l’écartèlement sur la place publique de ce que l’on considère comme des coupables. » Acquisition 2021.

Le réquisitoire de Badinter contre la peine de mort (« Libération »)