Ainsi s’ouvre le journal de TF1 présenté par Roger Gicquel le 18 février 1976, suite à l’arrestation du meurtrier du petit Philippe Bertrand, Patrick Henry.

Philippe Bertrand est enlevé à Troyes le 30 janvier 1976 à la sortie de l’école. Une demande de rançon d’un million de francs intervient une heure plus tard.  Un système d’écoute est alors mis en place par la police de sorte que lorsque le ravisseur rappelle d’une cabine téléphonique, celle-ci est identifiée à Bréviandes à 5 km de Troyes. Or entendant les sirènes hurlantes, l’homme fuit et ne donnera plus de nouvelles durant plusieurs jours.

Patrick Henry tel qu’il apparaissait avant son arrestation. 1er octobre 1976 – Cliché Agip / Robert Cohen. Acquisition 2017.

 

Une autre demande sera faite via une lettre adressée au curé de Troyes, ami de la famille : la remise de la rançon se fera le 10 février. Après un jeu de piste morbide, le rendez-vous a lieu sur un parking de restaurant à Montiéramey. Malgré une surveillance accrue, le ravisseur réussit à s’échapper à bord d’une DS blanche, dont les policiers relèvent la plaque d’immatriculation.

Le propriétaire de la voiture est rapidement identifié et provoque la stupéfaction : Patrick Henry est un ami de la famille Bertrand. Henry nie les faits et est donc relâché. Les inspecteurs sont convaincus de son implication dans cette disparition et montre sa photo un peu partout en ville. Un tenancier de pension de famille le reconnaît : il lui loue une chambre depuis le 23 janvier sous un nom d’emprunt.

Les policiers frappent à la porte de la chambre et entendent des bruits de volets : Patrick tente de s’échapper. Il est arrêté sur le champ.

La perquisition de la chambre est rapide : les policiers aperçoivent sous le lit un tapis roulé, qui pèse un peu trop lourd. En le déroulant, il découvre le corps sans vie du petit Philippe.

 

Patrick Henry ou le miraculé de l’Aube. Oeuvre de Me Eric Pergament, 2016. Les radioscopes sont des mises en scène musicales et animées que réalise Me Eric Pergament depuis une vingtaine d’années dans des vieilles radios TSF des années 30 à 70. Cette reproduction de la scène de crime de Patrick Henry avait été exposée lors de l’exposition du Musée du Barreau, « Pièces à conviction », 2017-2018. Voir aussi : http://www.lesradioscopes.com/lesradioscopes/patrick-henry-miracule-de-laube/

 

Le procès se déroule du 18  au 20 janvier 1977.

Patrick Henry est défendu par Me Robert Bocquillon, bâtonnier du Barreau de Troyes et par Me Robert Badinter, dont chacun sait qu’il se bat pour l’abolition de la peine de mort.

La population, les hommes politiques et la presse veulent en grande majorité le voir guillotiné. Rien ne peut le sauver. Sauf un homme.

 

« Détective spécial » n°1589 du 20 janvier 1977. Acquisition 2017.

 

Lorsque l’heure des réquisitoires arrive, Robert Badinter transforme le procès de Patrick Henry en procès de la peine de mort et prononce l’une des plaidoiries les plus importantes de l’histoire de la justice française. Et la termine en s’adressant aux jurés : « vous avez, vous et vous seuls, à cette minute, le droit de vie et de mort sur quelqu’un. Croire que, quand on aura liquidé un criminel, on en aura fini avec le crime, ce n’est pas vrai. Exactement comme jadis, on brûlait ceux qu’on considérait comme des sorciers, parce que, en même temps, on se disait qu’on en aurait fini avec le malin, évidement çà recommençait. Dites-vous bien que, si vous le coupez en deux, eh bien çà ne dissuadera rien, ni personne ».

 

Patrick Henry et de son avocat Robert Badinter lors du procès à Troyes. Reproduction d’une photo du 20 janvier 1977. Acquisition 2017.

Patrick Henry sera condamné à la réclusion criminelle à perpétuité et échappe à la Veuve de la République. Rien ne sera désormais plus jamais comme avant.

Le tribunal de l’application des peines de Melun a accordé une suspension de peine pour motif médical à Patrick Henry. Après 40 ans derrière les barreaux, il est sorti de prison en septembre 2017. Il meurt le 3 décembre 2017.

 

Extrait de « La Vie » du 17 février 1977. Don anonyme 2017.

Auteur : Cindy Geraci, Directrice du Musée, octobre 2021.