Nicolas de Myre (vers 270-343) fut évêque de Myre, et assista à ce titre au Concile de Nicée en 325. Nous ne savons que peu de choses de sa vie ; Nicolas de Myre – Saint Nicolas- est plutôt connu par les nombreuses légendes de sa vie posthume, fondées sur sa bonté envers les pauvres et les enfants. Son tombeau est devenu un lieu de pèlerinage, d’abord à Myre puis à Bari en Italie où ses reliques furent transportées au XIème siècle.
Parmi les miracles qui lui sont attribués, celui qui a le plus inspiré les artistes médiévaux et probablement le monde judiciaire est appelé « les trois tribuns sauvés de la mort ». Trois officiers de Constantin, envoyés en Phrygie pour réprimer une sédition, passent par Myre et sont reçus par l’évêque. Ils voient Nicolas de Myre tirer des mains du bourreau trois de ses concitoyens injustement condamnés. Rentrés à Constantinople, les trois officiers tombent en disgrâce et sont condamnés à mort. Se souvenant de ce qu’avait fait l’évêque de Myre, ils s’adressent à Dieu pour obtenir que Nicolas manifeste sa puissance en leur faveur. Constantin, à qui le prélat apparut en songe, reconnut l’innocence des condamnés et les fit remettre en liberté.
Jusqu’à la Révolution, les avocats parisiens étaient placés sous le patronage de Saint-Nicolas. Les juridictions de l’Ouest de la France étaient sous le patronage de Saint Yves mais celles de l’Est, y compris Paris, sous celui de Saint Nicolas.
A Paris, la première chapelle du Palais dédiée à Saint Nicolas (île de la Cité), fondée par Robert le Pieux (996-1031), est restaurée à la fin du XIe siècle par le roi Louis VI Le Gros : elle était située sur l’emplacement de l’actuelle Sainte Chapelle, proche de la salle où le roi rendait la justice. En 1342, fut créée la confrérie des procureurs du Roi placée sous l’invocation de Saint Nicolas ; les avocats s’y affilièrent. Le bâtonnier, désigné comme l’avocat le plus digne parmi ses confrères, était le chef de cette confrérie. Il était élu chaque année le 9 mai, par ses confrères et par les procureurs. Le nom de bâtonnier vient de ce que ce représentant portait anciennement le bâton de la confrérie où figurait l’image de Saint-Nicolas.
La basoche du Châtelet (corporation d’étudiants et de juristes) faisait célébrer le jour de la Saint Nicolas une messe solennelle, donnait un diner et des fêtes auxquelles assistaient les magistrats du Châtelet. Lors de la grande messe chantée, le bâtonnier est assis du côté de l’Evangile, sur un banc séparé ; du même côté sur un banc plus avancé étaient installés les anciens bâtonniers et les anciens avocats. Le bâtonnier va le premier à l’offrande, et fait en y allant et en y revenant 36 révérences (à l’autel, au bâton de Saint-Nicolas, au clergé, aux anciens bâtonniers, aux et anciens procureurs de la Communauté et aux 6 procureurs entrants) ; pendant la messe, il assure la distribution des bougies aux clergé, aux avocats et aux procureurs.
Après la démolition de la chapelle St Nicolas et la construction au même emplacement de la Sainte Chapelle, un autel portatif était placé dans la grand salle du Palais, afin de célébrer le prélat. Vers 1555, le parlement fait édifier une véritable chapelle dans la Grand salle du Palais de la Cité, où chaque matin était célébrée la messe avant l’ouverture des audiences et où était aussi chantée la messe solennelle de rentrée, dite messe rouge. Cette chapelle sera détruite par l’incendie du Palais le 7 mars 1618.
En 1782, le barreau cesse de participer à cette confrérie ; les avocats assistaient toutefois à la messe du deuxième jour de la Saint-Nicolas, célébrée dans la salle des Pas-Perdus, et revêtaient la robe et le chaperon herminé, comme pour les processions et les audiences solennelles.
Auteur : Cindy Geraci, Directrice du Musée, 2021.