Alphonse Paillet est né à Soissons, dans un ancien couvent des Minimes, d’un père notaire. Il fait des études de droit au lycée parisien Charlemagne. Il rentre ensuite à Soissons et intègre l’étude de Me Tétard, avoué, qui ne tarde pas à l’instituer clerc principal.

Lithographie noir et blanc d’après Zéphirin-Félix-Jean-Marius BELLIARD – Don Eugène Rodiguès, 1910.

En 1824, il s’inscrit au Barreau de Paris et plaide sa première affaire parisienne : en effet, le jour de son inscription, Louis Auguste Papavoine rentre à Vincennes, les mains sanglantes ; il vient d’égorger deux enfants sous les yeux de leur mère. Alphonse Paillet s’illustre dans sa défense en proclamant que Papavoine n’est pas un assassin mais un fou ! Papavoine sera condamné à la peine capitale et exécuté en 1825.

Il reçut d’ailleurs les éloges de ses deux adversaires, ténors du Barreau Mes Berryer et Bellart, qui avaient rédigés l’acte d’accusation !

En 1831, Alphonse Paillet s’investit à l’Ordre des Avocats et est élu Membre du Conseil de l’Ordre. Cette fonction lui permet d’élever son talent et sa clientèle. Il devient l’avocat de la Banque de France, de l’association des artistes musiciens, des hospices, de la préfecture de la Seine.Il figurera également, durant 15 années, juges suppléants du Tribunal civil de la Seine. Il ne plaidera que rarement en Cour d’assises, excepté pour défendre Marie Lafarge.

En 1935, il défend, devant la Cour des pairs, Boireau, complice de Guiseppe Fieschi, accusé d’avoir commis commis un attentat contre le Roi Louis-Philippe. Boireau sera condamné à vingt ans d’emprisonnement puis amnistié.

Il est nommé chevalier de l’Ordre royal  de la Légion d’honneur en 1838 puis devient Bâtonnier en 1839-1840.

Il s’engage ensuite en politique en étant élu député de la circonscription de Château-Thierry.

Il se marie et aura deux enfants : sa fille se mariera à un avocat et son fils, Eugène Paillet deviendra avocat et secrétaire de la Conférence du stage.

Il meurt en plaidant devant le Tribunal civil de la Seine : son confrère Julien Larnac raconte ce tragique événement lors de l’éloge qu’il prononça ….

« A l’ouverture de l’audience, il se présente en robe au tribunal. Trois affaires sont retenues sous son nom à la même chambre. Il y reste. Il entend son adversaire. Puis il se lève et commence à plaider. C’est bien la précision, la clarté, la grâce du Maître… tout à coup, le public s’étonne… les juges s’émeuvent… cette voix si nette a balbutié, ce front si pur se couvre de nuages, cette intelligence si vive s’obscurcit ! … un frisson d’épouvante parcourt l’auditoire… L’avocat parle mais sa main écarte son visage comme un voile importun… Sa langue s’embarrasse. Il lutte haletant… dans un suprême effort, il veut achever… le voilà qui chancelle, s’affaisse et tombe murmurant ses dernières paroles aux pieds de la justice ! ».

Il laisse par testament une somme de 10 000 francs à l’Ordre pour encourager les nouveaux stagiaires. En 1852, le Conseil de l’Ordre décide que le prix institué par M. Paillet serait distribué tous les deux ans. Les deux premiers lauréats sont M. Beaupré, ancien secrétaire de Me Paillet et de la conférence des Avocats et Me Achille Delorme, secrétaire de la Conférence.

Il sera inhumé, selon ses dernières volontés, dans sa robe, au cimetière du Père Lachaise.

Un buste donné par la famille sera placé sur la cheminée de la salle du Conseil. Il se trouve aujourd’hui dans le hall de l’Ordre des Avocats, dans le Palais de Justice, sur l’Ile de la Cité.

Buste en marbre blanc de Fina Nicolet d’après Jean Jacques Pradier. 1855.

 

Bibliographie

Barreau de Paris. Eloge de M. Paillet prononcé le samedi 28 novembre 1857 à la séance d’ouverture des conférences de l’ordre des avocats, par Julien Larnac

O. Pinard, le Barreau au XIXe siècle, Paris, Pagnerre, 1865.

Légion d’honneur, base Léonore.