Le 28 juillet 1835, Louis-Philippe est la cible d’un attentat alors qu’il célèbre le cinquième anniversaire des Trois Glorieuses. Les auteurs, Giuseppe Fieschi, Pierre Pépin, Pierre Morey, Boireau et Bescher sont des républicains qui ont utilisé une machine composée de 24 canons de fusils assemblés entre eux. L’attentat fait dix-huit victimes mais n’atteint  pas le roi. Jugés et condamnés, Fieschi, Pépin et Morey sont exécutés le 19 février 1836.

Lithographie aquarellée. Ateliers de Jean Dembour, 1836.

Né dans une famille pauvre de bergers, et après une enfance difficile (père emprisonné, frère décédé au combat), Guiseppe Fieschi s’engage à l’âge de 16 ans dans l’armée de Napoléon Bonaparte. Cet engagement lui permet d’apprendre à lire et à écrire. Il illustre ses qualités lors de la bataille de Polotsk en prenant la tête d’un groupe de soldats et en mettant en déroute une centaine de cosaques, et ce , malgré plusieurs blessures. Cet acte de bravoure lui vaudra d’être décoré.

Lithographie noir et blanc de Delaunois, 1836. Acquisition 2016.

Il se met ensuite au service du Roi de Naples Joachim Murat et participe aux campagnes napoléoniennes de 1812 à 1814. Il sera décoré en 1814 de l’Ordre royal des Deux-Siciles. Mais il trahit ses chefs en livrant des renseignements aux Autrichiens. Il usurpe alors l’identité d’un homonyme et rejoint la Corse où il se retrouve seul.

Suite à un conflit avec sa famille au sujet de l’héritage d’un héritage paternel, il est condamné en 1819 par la Cour d’Assises de Bastia à dix ans de réclusion et à exposition sur la place publique, après une évasion. Il est libéré en 1826.

Ayant appris en prison le métier de drapier, il trouve un emploi dans une manufacture royale et se rend à Paris en 1830. Il profite de ce que le Roi Loui-Philippe réhabilite les anciens prisonniers politiques condamnés sous la Restauration et de la loi d’amnistie du 26 août 1830, pour réclamer le grade de sous-lieutenant dans le service actif, en s’appuyant sur ses récompenses militaires et en présentant sa condamnation comme politique contre son passé dans l’armée napoléonienne.

Il est alors incorporé dans le 61e régiment d’infanterie de ligne, mais uniquement comme sergent. Il devient instructeur à la baïonnette au gymnase militaire ce qui lui permet de d’obtenir l’estime de personnes importantes. L’une d’elle, M. Lavocat lui confie des missions importantes et le recommande même au Ministre de l’Intérieur. Il travaille également pour le préfet de police Gaude qui lui reconnaît une grande capacité de courage dans certaines expéditions contre les opposants au régime : il devient l’un de leurs indicateurs durant  trois années.

Sa vie s’avère ensuite une suite de déception : le départ de Gaude fait qu’il est moins sollicité par la préfecture, son couple bat de l’aile et il devient l’amant de Nina, fille de sa femme, à peine âgé de 15 ans… Il fréquente alors les tripots du Palais, détourne de l’argent de son employeur et perd son emploi.  Il fait également, en 1834, l’objet d’une enquête pour falsifications de certificats produits devant la commission des prisonniers politiques ; sa position de récidive après sa précédente condamnation de 10 ans l’oblige à se cacher, sans aucune ressource.

Or dans sa situation, il ne trouve secours qu’auprès de ceux qui projettent alors un attentat contre Louis-Philippe : Pierre Morey, cordonnier et militant républicain, nostalgique de Robespierre, membre de la Société des Droits de l’Homme (organisation républicaine interdite en 1833) ; Théodore Pépin, épicier, républicain, financeur de la machine infernale.

Guiseppe Fieschi loue alors une chambre au 42 bd du Temple afin de construire la machine infernale, faite de vingt-cinq canons de  fusils juxtaposés et placée sur l’appui de la fenêtre d’une maison.

Le 28 juillet 1835, en raison de l’anniversaire de la Révolution de 1830, Louis-Philippe doit passer en revue la garde nationale sur les grands boulevards. La machine est placée à hauteur du 50 bd du Temple explose : le Roi s’en sort avec une éraflure, ses fils sont indemnes, tandis que le maréchal Mortier est tué ; le bilan définitif s’élève 18 morts et 42 blessés.

Gravure noir et blanc. [1877]. Acquisition 2016.

Blessé par son dispositif, Fieschi est arrêté quelques minutes après l’attentat. Ses complices le seront quelques jours plus tard.

Après plusieurs mois à la conciergerie, les accusés sont transférés à la prison du Luxembourg où ils restent environ deux mois.

Le procès s’ouvre le 30 janvier 1836 devant la Chambre des pairs, compétente en vertu de l’article 28 de la Charte de 1830 pour juger les attentats contre la sûreté de l’État. Il durera jusqu’au 15 février. Il est défendu par deux avocats, Gustave Louis Chaix d’Est-Ange et un compatriote corse François Marie Patorni.

Il est guillotiné à Paris, ainsi que ses deux complices le 19 février 1836 à 8 heures du matin. Un comparse, le lampiste Boireau, est condamné à vingt ans de réclusion. L’exécution a lieu en présence d’un grand déploiement de forces de cavalerie et d’infanterie : 6. 200 hommes, non compris de nombreux agents de police et de nombreux spectateurs.

Avant de monter sur l’échafaud, Fieschi aurait dit : « Je regrette mes victimes plus que ma vie ».

Manuscrit autographe : « Fieschi / Aucun juge ne condamne l’homme par vengeance. le juge quil fait professions de la vertut nen voudrait il jamais trouver que des innominies ».
Au verso :  » donné par Me Chaix D’Estange avocat, défenseur de Fieschi en 1836 (8 février) ». Acquisition 2016.

 

Notes

Les réquisitoires et autres pièces du procès sont disponibles en ligne sur le site du Sénat.