Marie Fortunée Capelle, dite Marie Lafarge (1816-1852).
Elle est née le 15 janvier 1816 à Paris, d’un père ancien colonel d’artillerie de la garde impériale qui meurt en 1828, alors qu’elle n’a que douze ans. Sa mère Edmée se remarie mais confie sa garde à sa richissime famille (Edmée n’est autre que la fille naturelle de Mme de Genlis, célèbre mondaine et femme de lettres, et de Philippe-Egalité, duc d’Orléans, père du futur roi Louis-Philippe).
Lors du décès du mari de sa grand-mère, celui-ci lègue toute sa fortune à son fils aîné et seulement une petite dote de 25000 francs or à Marie. Insuffisant pour financer un grand mariage. Marie a 22 ans et aucun prétendant.
Au début de l’été 1839, Marie rencontre Charles Pouch-Lafarge maître de forge corrézien ; si Charles a eu le coup de foudre, ce n’est pas le cas de Marie : « Ma tante m’avait paré des couleurs qui m’allaient le mieux […] J’étais assez jolie quand M. Lafarge me fut présenté et je compris bien vite que je lui plaisais. Ma première impression ne fut pas aussi favorable. Je trouvai M. Lafarge bien laid » (Mémoires de Marie Cappelle, veuve Lafarge, écrits par elle-même, Paris, A. René et Cie, 1841). Le mariage est célébré le 9 août 1839 et ils partent s’installer en Corrèze, à Beyssac. Arrivé sur place, Marie déchante : le château promis n’est qu’un ancien couvent sommairement transformé en habitation et la forge frise la faillite.
Après avoir supplié son mari de la laisser partir, Marie change d’attitude : elle rédige même un testament en sa faveur ; Charles, touché, fait de même. Lors d’un voyage de Charles à Paris, Marie contacte un pharmacien pour lui demander de la mort aux rats, pour dit-elle dératiser le château et la forge. Fin décembre, elle envoie des gâteaux à son mari, qui après les avoir manger, est pris de vomissements. Ce dernier rentre en Corrèze et son état se dégrade, laissant penser au médecin qu’il a été empoisonné. Il décède le 14 janvier 1840 et, le jour même, son beau-frère adresse un courrier au procureur du roi pour accuser Marie d’avoir assassiné son mari à l’arsenic. Une instruction est ouverte, l’affaire commence. En janvier 1840, elle est accusée d’avoir empoisonné à l’arsenic son mari, Charles Lafarge.
L’autopsie du corps et la perquisition à Paris ne révèle rien. En revanche, la perquisition en Corrèze met à jour une boîte de diamants déclarés volés, appartenant à la vicomtesse de Léautaud, au moment même où Marie, amie des époux Léautaud, séjournait dans leur château. Marie sera condamnée pour ce larcin le 9 juillet 1840 à deux ans de prison et 2481 francs d’amende.
Elle comparaît devant la cour d’Assises de Tulle le 3 septembre 1840 pour répondre au chef d’accusation d’empoisonnement et est défendue par quatre avocats : Maîtres Paillet, Charles Lachaud, Desmont et Bac. La plaidoirie de Maître Paillet dure sept heures, et le verdict tombe après les nombreuses batailles entre experts et contre-experts, et sans d’ailleurs que l’auditoire ait été convaincu par l’accusation.
La cour d’Assises de Tulle, après 17 séances du 3 au 19 septembre 1840, condamne Marie Cappelle, femme Lafarge, aux travaux forcés à perpétuité et à l’exposition publique.
Elle sera graciée par le Président Louis-Napoléon Bonaparte en 1851, après avoir passé 12 ans en prison, et avant de s’éteindre quelques mois plus tard.
Plusieurs documents sur cette affaire ont été exposés lors de l’exposition Pièces à Conviction en 2017.