Jean Calas, de confession protestante, était négociant à Toulouse. Le 13 octobre 1761, son fils Marc Antoine est retrouvé mort dans la maison familiale, peu après le dîner et son corps est découvert par toute la famille. L’examen du cadavre révèle des traces de strangulation ou de pendaison alors que la famille affirme avoir retrouvé le corps étendu à terre. Jean Calas avoue que son fils s’est bien suicidé, et explique son mensonge : il voulait éviter le déshonneur de la famille car à cette époque, le cadavre d’un suicidé est traîné en public sur une claie. Ces versions contradictoires se retournent contre lui.
Il est condamné à mort par le Parlement de Toulouse le 9 mars 1762 et exécuté le lendemain. Il est torturé mais persiste à déclarer qu’il est innocent. Sa veuve, l’ami de la famille Lavaysse et la servante sont libérés. Pierre Calas, son fils, sera condamné au bannissement perpétuel pour de prétendues déclarations antireligieuses.
Voltaire s’empare de cette affaire et décide de mener campagne pour réhabiliter Jean Calas. Trois avocats vont alors rédiger des mémoires en faveur des Calas. Il est important de souligner qu’avant la Révolution, il n’existait pas d’audience publique au cours de laquelle l’avocat d’un accusé en matière criminelle pouvait plaider. Les défenseurs présentaient leurs arguments par écrit et diffusaient des versions imprimées de ces mémoires en défense, appelés « Factums », qui s’adressaient aux magistrats et à tous ceux qui s’intéressaient à l’affaire.Elie de Beaumont (1732-1786) rédige Mémoire pour le sieur Jean Calas, négociant de cette ville ; dame Anne Rose Cabibel son épouse; & le sieur Jean Pierre Calas, un de leurs enfans (Toulouse, chez J. Rayet, imprimeur-libraire, à la Mère des sciences & des arts, Place du Palais. [ca 1762]) dans lequel il expose et les faits et étudie les différentes hypothèses sur la mort de Marc Antoine.
Pierre Mariette, avocat aux conseils du Roi, publie Mémoire pour la veuve Calas et sa famille. Il assiste les Calas dans leur demande en cassation. Il revient sur les faits avant de relever sept vices dans la procédure menée par les magistrats toulousains.
Loyseau de Mauléon (1728-1771) privilégie la thèse du suicide et dénonce la partialité avec laquelle a été menée la procédure (Mémoire pour Donnat, Pierre et Louis Calas, La Haye, Daniel Aillaud, 1763) .
Ces différents mémoires conjugués à l’activité de Voltaire aboutissent le 4 juin 1764 à la cassure de la condamnation et au renvoi de l’affaire devant la juridiction des Maîtres des requêtes de l’Hôtel du Roi. Le 9 mars 1765, la veuve Calas, son fils Pierre, leur ami Lavaysse et la servante sont déchargés de l’accusation intentée contre eux. Louis XV fait dédommager la famille Calas et leur servante, la mémoire de Calas est réhabilitée.