Né en 1800, il est le fils d’un procureur général près la Cour de justice de Reims. Enfant, son père l’emmenait souvent avec lui dans les juridictions et notamment à la Cour d’Assises.
Il étudie au Lycée de Reims avant de terminer des études de droit à Paris (ses parents déménagèrent à Paris lors de la suppression de la Cour de Justice de Reims).
Jeune avocat, il perd son père à l’âge de 19 ans et devient soutien de famille auprès de sa mère et de sa sœur, à l’aide de sa bourse. Repéré pour son talent oratoire, il se voit confier dès 1820 plusieurs affaires : l’affaire des événements de juin 1820 ou encore celle de la conspiration d’août 1820, l’affaire Charpenay (accusé de complot militaire, Chaix d’Estange le fera acquitté) en 1821 ou la plus connue affaire des 4 sergents de la Rochelle (4 jeunes soldats bonapartistes accusés d’avoir voulu renverser la monarchie, guillotiné en place de Grève).
En 1831, le Garde des Sceaux le propose pour la croix de la Légion d’honneur. Il refuse au motif que le magistrat M.B…. qui compte 20 ans de magistrature la plus honorable et non décoré : je n’oserai jamais passer avec ma crois devant lui… ». Le magistrat sera décoré.
En 1832, il plaide pour le ministre du commerce de l’époque, M. d’Argout contre Victor Hugo, à propos du Roi s’amuse, dont la représentation avait été interdite.
En 1835, il est l’un des deux défenseurs de Fieschi, auteur de l’attentat contre le roi Louis Philippe.
Il devient bâtonnier du Barreau de Paris en 1842, à l’âge de 42 ans. « Il allait, dit Edmond Rousse, gouverner ce peuple étrange : des hommes que le monde connaît mal, qu’il craint beaucoup, qu’il raille souvent, qu’il honore à regret, et dont il sollicite chaque jour les services sans jamais se piquer d’en garder longtemps la mémoire ».
Il se retrouve alors confronté à un conflit magistrat-avocat. En effet, lors d’une audience, le président Seguier s’adresse à un avocat avec un mot blessant, qui dans sa généralité atteint l’Ordre tout entier. En réponse, les avocats cessent de paraître devant ce magistrat. Après quatre mois d’indifférence, la paix s’instaure et M. Seguier fait le premier pas en faisant lors de la rentrée une accolade au bâtonnier.
En 1857, il poursuit sa carrière judiciaire comme procureur général près la Cour de Paris, et deviendra « le plus redoutable des procureurs généraux » (Trois siècles d’éloquence française, article d’Henri Robert dans Bulletin de l’Office central des œuvres de bienfaisance, août 1932).
En 1863, il est l’avocat de la ville de Paris lors de l’administration Haussman.
Parallèlement à sa carrière judiciaire, il s’engage en politique : en 1831, il est élu député du 3e arrondissement électoral de la Marne ; conseiller d’Etat en 1858, Sénateur en 1862 et vice-président au Conseil d’Etat en 1863.
Il est le père de Gustave Gaspard (1832-1887) également avocat au Barreau de Paris, connu pour avoir plaider contre Baudelaire lors du procès des Fleurs du Mal.
Il meurt à Paris le 14 décembre 1876.
Auteur : Cindy Geraci, Directrice du Musé, janvier 2021.
Sources et bibliographie
Gallica :
Discours et plaidoyers de M. Chaix d’Est-Ange,…. Tome 3, Edition 2 / publiés par Edmond Rousse, Paris, 1877, « affaire de M. le Ministre du Commerce contre Victor Hugo »
Plaidoyer pour Guiseppe Fieschi
Légion d’honneur :