Le Barreau de Paris souhaitant s’inscrire dans la démarche nationale de commémoration s’investit dans un projet mémoriel sous forme d’un musée virtuel permettant à chacun d’entre vous de découvrir notamment l’histoire de vos confrères et de l’Ordre durant la 1ère Guerre Mondiale.

En effet, entre Abel Gendarme de Bévotte et Henri Priam, du 10 août 1914 au 9 novembre 1918, 232 avocats, soit plus de 10% du Barreau de Paris, ont été engloutis dans cette sanglante tragédie que fut la guerre de 14-18. Qui étaient-ils ?

Des avocats, mais surtout à jamais nos confrères. Avec leur regard sépia et leur moustache cirée, ils vous semblent si lointains et ils nous sont si proches. Ils étaient souvent très jeunes, comme vous l’êtes ou comme le sont vos enfants. Ils avaient fait leur droit, étaient allés à Sciences-Po, avaient un double cursus de lettres, voire même parfois de sciences. Ouverts sur leur monde, l’Europe, ils parlaient souvent couramment l’allemand, la langue de l’ennemi.

Cultivés, ils lisaient, écrivaient, comme vous, ils allaient au théâtre, au concert. Vifs, plein d’énergie, ils s’adonnaient aux sports, aux bains de mer, au cheval, au tennis, au vélo ou à la course à pied. Mais surtout, ils aimaient, ils aimaient leurs parents qui ne se consolèrent jamais, ils aimaient leurs femmes qui, emmurées dans leur voile noir, ne refirent pas leur vie, ils aimaient leurs fiancées qui furent appelées les « veuves blanches » et, enfin, ils aimaient leurs enfants marqués pour toujours par la mort de leurs pères dans la boue, la peur, les cris, le sang et les larmes. Car ils furent courageux. Non, ils n’étaient pas des officiers supérieurs de l’arrière, oui, ils étaient adjudants, lieutenants ou simples soldats.

Ils s’engagèrent, pas un ne déserta, et souvent ils furent de ces officiers qui ne criaient pas « en avant », mais « suivez-moi ». Pour autant, ils n’aimaient pas la guerre, ils l’ont écrit sans relâche, notamment à leur Bâtonnier, et nombre d’entre eux, lorsque fut venu le temps de défendre ceux qui, contrairement à eux, étaient des insoumis, se sont levés pour réclamer et obtenir, en juin 1916, le droit que tout homme, fut-il soldat, allié ou ennemi, ait un défenseur. Un siècle plus tard, en ces temps où les tragédies, les massacres, les guerres font tristement écho à cette époque sanglante au-delà du respect, de l’admiration et de la compassion, le Barreau de Paris, son Conseil de l’Ordre et ses Bâtonniers demeurent les sentinelles vigilantes du respect des droits de tout homme, dans la guerre comme dans la paix.