Sarmiza Bilcescu ou Bilcesco (1867-1935) est la première femme ayant obtenu un diplôme de droit en France !
Elle est née dans une famille de la grande bourgeoisie roumaine ; son père était le président de la banque nationale de Roumanie. Elevée dans la langue française, elle part accompagnée de sa mère poursuivre ses études à paris où elle s’inscrit non sans difficulté à la faculté de droit : son initiative s’est en effet heurtée à plusieurs oppositions de la part de professeurs et du personnel de la faculté. Elle raconte d’ailleurs bien plus tard cette expérience (Edmée Charrier, L’Évolution intellectuelle féminine, Paris, Mechelinck, 1931) :
« Les dames n’entrent pas », vous répondait l’huissier à la porte. Le conseil de la faculté fut appelé à statuer. « Comment, Monsieur, dit ma mère au secrétaire, dans un pays où il est écrit même sur les portes des prisons : Liberté, Égalité, Fraternité, vous empêcheriez une femme de s’instruire, rien que parce qu’elle est femme ». Ces paroles furent rapportées au Conseil et, quelques jours après, l’autorisation de suivre les cours me fut accordée, mais pas à l’unanimité : nombre de professeurs votèrent contre, et notamment Monsieur le doyen Beurdant. L’accueil des professeurs fut glacial, l’accueil des étudiants extrêmement respectueux. À la clôture des cours de la première année, Monsieur Colmet de Santerre, professeur de Droit civil, s’adressant aux étudiants, dit presque textuellement : « Nous avons hésité à accorder à Melle Bilcescu l’autorisation qu’elle demandait par crainte d’avoir à faire la police dans les amphithéâtres ; cette jeune fille dont l’assiduité est au-dessus de tout éloge, et la conduite exemplaire, s’est imposée à notre estime, vous l’avez respectée comme une sœur et nous vous en remercions ». Ces paroles ont été couvertes par un tonnerre d’applaudissements ».
Elle obtient sa licence le 17 juin 1887 à 20 ans et soutient brillamment sa thèse, 3 années plus tard, le 12 juin 1890 : De la condition légale de la mère en droit romain et en droit français . Elle devient ainsi la première femme docteur en droit du monde !
Elle désire s’inscrire au barreau parisien mais recule devant les difficultés qui se présentent. Elle préfère tenter sa chance en Roumanie. Sa demande surprend et désarçonne le barreau roumain puisque rien dans les textes ni dans la Constitution n’interdit officiellement l’ouverture de la profession aux femmes. Elle est donc acceptée et Samira Bicelscu devient la première femme avocate d’Europe !
Elle ne plaida jamais et consacra toute son énergie à créer et animer une association féministe qui se battit pour la promotion de l’enseignement chez les jeunes filles.
Bibliographie :
Samira Bilcescu, notice Wikipédia
LECUYER Carole, Une nouvelle figure de la jeune fille sous la IIIe République : l’étudiante, article en ligne.
PIERRAT Emmanuel, Les Femmes et la Justice, Editions La Martinière, 2016, pages 10-13.