Hélène Miropolsky est née en 1887 d’un père médecin d’origine russe.
Après des études au lycée Sévigné, elle étudie la philosophie (elle obtient une licence) avant de bifurquer vers le droit et de suivre les cours du professeur Robert Piedelièvre (1859-1939) l’un des plus éminents juristes de la faculté de l’époque.

Portrait d’Hélène Miropolsky, Fantasio, 1911.
Elle prête serment au barreau de Paris en 1907. Lors de sa prestation de serment, elle se présente « vêtue d’un élégant costume rouge que recouvrait sa robe noire d’avocate » (Le Rappel, 24 octobre 1907). Elle est la cinquième femme à prêter serment au barreau de Paris et réalise un rêve « longtemps chéri ». Sa motivation ? : « pourquoi je crois à l’utilité du rôle de la femme comme avocat ? N’imaginez-vous pas que des confidences féminines iraient plus librement vers une femme ? Que l’épouse trahie ou coupable, la dévoyée, la prostituée, ne trouveraient pas là une confession plus douce ? […]. Je ne sais si je réussirai, mais j’ai la foi » (Le Matin, 23 octobre 1907)
L’une de ses premières affaires fut de plaider pour une femme accusée de vol dans un grand magasin : « elle a joliment parlé contre le brillant étalage de tant de luxe, terrible séduction pour les pauvres sans le sou, qui passent humbles et mal vêtus… » (Gil Blas, 24 novembre 1907) ; sa cliente fut condamnée à un mois de prison.
Elle est la première femme à plaider seule aux Assises en 1908 pour une affaire d’infanticide : Hélène Jean, poussée par la misère, est accusée d’avoir tuée son enfant âgé de un an. Le procès s’ouvre le 24 septembre 1908. Me Miropolsky est seule à défendre l’accusé. Comme le souligne la presse de l’époque, elle plaide avec une parfaite assurance, sans apparence d’émotion personnelle, ce qui ne l’empêche pas d’émouvoir le jury. Après quelques minutes de délibération, l’acquittement demandé par Me Miropolsky est prononcé et sa cliente remise en liberté.

Soleil du dimanche (surtitré L’Illustré) est un hebdomadaire dominical français fondé par le baron Edmond-Louis-Roger Viot Bodson de Noirfontaine en 1888.
Hélène Miropolsky retourne aux Assises deux jours plus tard, le 26 septembre, pour défendre sa nouvelle cliente, jeune cartonnière de 29 ans, poursuivie pour une tentative de vol avec violence. Après sa plaidoirie pour laquelle elle demande de larges circonstances atténuantes pouvant aller jusque l’acquittement, sa cliente est condamnée, le vol et les violences avérées mais les circonstances atténuantes accordées (La Presse, 26 septembre 1908)
Féministe engagée, elle présente tout au long de sa carrière de nombreuses conférences sur la femme, ses droits et le féminisme en général et milite activement pour le droit de la femme. Elle profite d’ailleurs de sa notoriété pour demander en 1909 à ce qu’après l’admission des femmes au barreau, celles-ci puissent être aussi dans les jurys des tribunaux (Le Figaro, 25 mars 1909). Cette mesure sera mise en place en 1944 !
Elle est connue dans les couloirs du Palais de Justice de Paris comme « la Belle Hélène ». En 1909, le journaliste de Gil Blas la décrit comme suit : « Melle Miropolsky, russe francisée est la plus jolie de toutes [ndlr : Maria Vérone et Suzanne Grunberg]. Grande mince élancée yeux noirs le nez un peu trop effilé les cheveux en bandeaux serrés en un chignon où ne dépassent que deux courts « chichis ». elle sourit beaucoup et son sourire est très large, découvrant autant de dents très blanches, au moins trente-deux ! L’élégance de Me Miropolsky est sûre et c’est à peine si il n’y a pas quelque affectation dans son haut col droit. Cette jeune femme ne paraît pas destinée à une carrière d’avocate exceptionnellement active mais cela ne l’empêche pas d’avoir des idées précises sur les réformes nécessaires à la société contemporaine ». Sa beauté et son élégance la suivent jusqu’en 1920 où elle est décrite dans la presse comme « le sourire du barreau parisien ».
Elle épouse en juillet 1913 Gaston Strauss, avocat et ancien chef de cabinet de Joseph Paul-Boncour, dont elle divorcera en juillet 1926 « aux torts de l’épouse ».
Elle démissionne du Barreau de Paris en 1926.

Photographie Piron. Femina n° 221 du 1er avril 1910.