Le Musée du Barreau conserve plusieurs documents (photographies, dessins d’audience, presse) concernant Marguerite Steinheil (1859-1964) dite Meg et son procès pour homicide volontaire sur son mari et sa mère. Plusieurs ont été montrés au public lors de l’exposition sur Pièces à conviction en 2017-2018.
Née en 1869 dans un milieu bourgeois, elle découvre Paris en 1888 où elle rencontre le peintre Adolphe Steinheil, qu’elle épouse en 1890. En 1895, après plusieurs amants, elle fait la connaissance du Président de la République Félix Faure qui succombe à son charme. Afin de ménager la susceptibilité de son mari, Félix Faure fait de ce peintre dénué de talent, le peintre officiel de l’Elysée ! En 1899, après une rude journée, Félix Faure est meurt brutalement dans sa chambre, le pantalon sur les jambes, Marguerite Steinheil devant lui, la poitrine nue. Afin d’éviter tout scandale, la maîtresse sortit par une porte dérobée et la mort du chef de l’Etat fut attribué à une congestion cérébrale.
Dix ans plus tard, en 1908, Marguerite Steinheil sera à nouveau impliquée dans deux décès très médiatisés : sa mère et son mari sont retrouvés morts à son domicile, impasse Ronsin.
Le 31 mai 1908, le valet de la famille Steinheil, M. Couillard, découvre dans l’appartement de l’impasse Ronsin, le cadavre de Mme Jepy, mère de Marguerite, celui de M. Adolphe Steinheil, mari de Marguerite, et dans la 3e chambre, Marguerite Steinheil, vivante mais ligotée sur son lit. Le 3 novembre 1909, Marguerite Steinheil comparaît devant la Cour d’Assises de Paris, accusée d’homicide volontaire sur la personne de la dame Japy sa mère et d’Adolphe Steinheil son mari. Elle est défendue par Me Aubin. Pendant les huit jours de procès, elle ment et accuse plusieurs personnes de ce crime. Elle s’évanouit à chaque fois qu’elle ne peut ou ne veut pas répondre. Mais le manque de preuves formelles fait défaut, malgré les témoignages accablants.
Le 14 novembre 1909 à une heure du matin, le Président du jury rend enfin son verdict : Marguerite Steinheil est déclarée non coupable d’avoir, dans la nuit du 30 au 31 mai 1908 à Paris, commis un homicide volontaire sur la personne de la dame Japy, sa mère légitime et non coupable d’avoir, à la même date et au même lieu, commis un homicide volontaire sur la personne du sieur Adolphe Steinheil, son mari. Elle est donc acquittée sous les applaudissements du public.